[RP] L'Exil du Viking

L'appel se faisait sentir depuis quelques lunes déjà. Sa rage le tiraillait de plus en plus et pour la première fois de sa vie, Bastos avait peur. Peur de lui-même, peur de sa nature, peur de faire du mal aux personnes qu'il aimait vraiment. Il était le blaireau-garou, unique représentant de son espèce dans la Cité Éternelle. Jusqu'alors il avait réussi à canaliser sa rage et à contrôler ses métamorphoses, mais sans raison apparente même cela semblaitlui échapper. Seul un immense pouvoir pourrait l'aider à surmonter cette épreuve et à se contrôler à nouveau... Et il n'existait dans ce monde, dans cet univers, qu'un seul pouvoir capable de l'aider dans cette situation de crise... la Main Noire.

Il avait toujours refusé de céder à son appel, de damner son âme à tout jamais, de se livrer en pature aux Ténèbres. Mais aujourd'hui, s'il refusait encore de se joindre à Sa Légion, il savait qu'un destin encore plus funeste l'attendait.

C'est pourquoi il choisit de partir vers la sombre citadelle de la Légion des Damnés. Le voyage fut long et éreintant. Le paysage se métamorphosait de façon inquiétante au fur et à mesure de sa marche solitaire.

Et il le vit... Harald, son ami originaire d'Östermark. Il semblait lui aussi se diriger vers la demeure des séides de la Main Noire. Bizarre, se dit le blaireau-garou, avant de suivre discrètement son ancien allié. Il vit donc le Viking entrer dans la Sombre Citadelle. Elle était exactement comme il se l’imaginait, magnifique et inquiétante à la fois. Ses nombreuses meurtrières, qui laissaient filtrer la lumière des torches à l’intérieur, étaient comme autant d’yeux qui observaient les visiteurs, rajoutant à la peur qu’ils pouvaient ressentir à la vue d’un tel monument. Le mercenaire en eut le souffle coupé, et quelques frissons parcoururent son échine. Bastos hésitait... Devait-il attendre que son ami ressorte de ce lieu ou devait-il le rejoindre. Après tout, à deux ils seraient plus forts pour surmonter les épreuves que les Damnés ne manqueraient pas de leur faire passer avant de les accepter dans leurs rangs...

Il réfléchit quelques temps, les yeux rivés sur la lourde porte qui barrait l'entrée de la sombre forteresse. Puis il se leva calmement et se dirigea avec circonspection vers sa destination première. Arrivé à quelques encablures de l'entrée de la citadelle, il remarqua que, étrangement, aucun garde n'était de faction pour interdire l'entrée aux visiteurs indésirables. Intrigué, il se rapprocha tout de même, se sentant comme épié par mille paire d'yeux. Que devait-il faire? Frapper à la porte? Entrer sans se faire annoncer? Faire une entrée fracassante dont il avait le secret? Après quelques minutes, il choisit finalement cette dernière option. Il ne restait plus qu'à peaufiner le plan...

Bastos recula de quelques pas, et un changement profond s'effectua dans son apparence. Il fut tout d'abord agité de spasmes. Puis des poils commencèrent à poindre sous sa peau. Ses mains se contractèrent, ses ongles se changeant en griffes. Son visage était tendu à l'extrême et commençait à se métamorphoser lui aussi en un faciès animal, ses dents devenant des crocs aiguisés. Il était devenu le blaireau-garou. Il fonça alors en direction de la porte, l'ouvrant à la volée à l'aide de ses muscles hypertrophiés, et alors qu'il se préparait à effectuer un triple saut périlleux avant suivi d'un double axel sur la gauche et d'une réception sur le gros orteil de sa patte postérieure gauche, il se prit les pieds dans le tapis qui ornait le sol pavé du hall de la Citadelle Noire. Il s'étala donc de tout son long de façon peu gracieuse, sous les yeux médusés des quelques personnes qui occupaient les lieux.

"C'est exactement ce que je voulais faire..." dit-il en se relevant. "Salut, moi c'est Bastos. Ah tiens, Harald, qu'est-ce que tu fous ici ?"

La nuit avait été difficile pour Asuta. Jouissive et difficile, comme souvent.
Des rumeurs glissaient entre les parois moisies des maisons des Bas-Quartiers, des ouïe-dires peu plaisants n'arrangeant aucunement ses affaires.
Son engagement auprès de la Légion avait provoqué des remous dans la petite Cour des Miracles, et l'Administration Clandestine avait jugé bon de lui signifier les nouvelles règles de conduite à adopter quand elle viendrait passer du temps au sein de leur fief : Ils avaient également revu son contrat à la baisse, et le paiement d'autant. Ce paiement en sang et en cadavres... ah, s'ils savaient !
Les habitants se croyaient protégés par la volonté de l'organisation mafieuse, alors que c'est elle-même qui les tenait et les prenait à la gorge quand ils ne les livraient pas directement en pâture à notre elfe noire, laquelle s'était toujours, jusqu'à maintenant, acquittée de ce plaisir avec un enthousiasme tout particulier.

Dorénavant, ils ne la couvriraient cependant plus. Plus autant.
Muse, folle de rage et de dépit, l'avait frappée et meurtrie, autant physiquement que par ses mots, ceux-là même qu'Asuta s'était juré de ne jamais accepter de qui que ce soit ; Et pourtant... l'Anarchiste était parvenue à la priver d'une partie de sa liberté !
Honte et Souffrance, Douleur et Infamie. Voilà tout ce que ce choix lui avait apporté. En surface.
Car, derrière ces évènements dramatiques, notre drow avait trouvé de la chaleur, un soir de quart, le premier, celui où elle avait pris le temps de faire le tour des ouvrages de défense pour mieux les connaître et se les approprier.
De la chaleur, et un certain réconfort ; Etaient-ils damnés, ils n'en étaient, en vérité, que plus unis que n'importe quel archange de morale, n'importe quel justicier auréolé d'une lumière factice ne l'était avec ses compagnons d'armes, aventuriers, chercheurs de gloire qui devint balade, histoire, mythes et légendes, avant de retomber dans l'oubli.

La haine qu'on leur porte la fait sourire où leurs quolibets l'indiffèrent ; Leur écœurantes allusions prêtent à rire, et si elle ne peut leur dire ce qu'elle pense de leurs manières, ses alliés et elle-même s'occuperont de leur faire manger leurs paroles et leurs insultes, leur irrespect.
Non pas que cette dernière notion lui importe ; Et ce n'est pas non plus l'admiration qu'elle cherche, ni même la reconnaissance, non.
Asuta a juste tendance à penser que quand on n'est pas à la hauteur, on se tait.
Les faibles, dans la Cité, n'ont pas droit de citer – les pleurnicheries, elle en a soupé. Il est temps de regarder les choses en face, de devenir adulte.

Si ses petites habitudes et se race l'empêchent de se présenter en tant que Consul, en tant que Tribun ou de Juge, l'Inquisition et la Question la fascinent, car ils justifient ses pulsions et les désirs de Muse, en plus d'être utiles à son propre pouvoir, et donc, à celui de la Main Noire.
Une entité au départ abstraite, qu'elle a appris à révérer – sans la vénérer réellement, en vérité – à aimer, sans l'adorer, à écouter, boire ses paroles et ses impressions pour apprendre et devenir meilleure aux côtés des gens qui lui ressemblent, et qui sans la comprendre, peut-être, ne la jugent pas pour autant.

Oh, oui... Si je n'étais pas ici, n'en serais-je pas moins damnée ?

Du haut de la tour de garde, elle les a vus arriver, les reconnaissant de lui, ses pupilles se réduisant à une fente pour mieux saisir leurs contours, puis leurs traits.
Ils ne lui sont pas inconnus, mais de qui peut-il bien s'agir ? Un détail la frappe dans la physionomie de l'éminent viking et le rappelle à son bon souvenir, alors que l'autre, qui n'en est pas moins imposant, choisit de faire une entrée pour le moins remarquée, à en juger par le fracas qui lui parvient de l'entrée où elle s'est précipitée, de son pas souple, ses bottes glissant sans bruit sur les dalles froides, ses doigts effleurant la pierre alors qu'elle franchit le dernier corridor, et surgit, étonnamment calme et maîtresse d'elle-même, dans la première salle.

Harald ; Bastos. Des compagnons Gardes, comme Balian le fut, entre autres.
Des amis, des provocateurs, deux joyeux drilles qui semblent inséparables et l'espace d'une soirée, sauront peut-être ranimer la flamme d'humanité – l'étincelle de sentiment – qui l'a fait courir jusqu'ici sans se soucier de ce que les autres pourraient bien penser de cet empressement soudain.
Heureusement ?, Asuta n'a croisé personne en venant ; Glissant dans les ombres sans s'en apercevoir, comment aurait-il pu en être autrement ?
Maintenant encore, elle paraît étrangement ténébreuse, comme empreinte du sombre, comme sortant des limbes, sa peau d'un gris foncé normalement agrémenté de reflets froids semblant ne plus réagir à la lumière, ne plus être vraiment là.

Son regard, cependant, n'a rien perdu de sa vivacité ; Il les accuse, glisse sur eux et veut les transpercer, comme un reproche et un remords, comme le seraient des yeux qui ont un sentiment à étouffer à tout prix, comme ceux qui ne désirent pas être lus.
Sa main effleure le chambranle de la porte, Asuta s'avance lentement, dardant sur Bastos affalé autant que sur Harald, le regard d'un prédateur. Pris au piège.

« Sans doute vient-il chercher, et trouver, je l'espère, ce qui lui manquait tant ailleurs,
Quitte à en mourir... Et toi, ne fais-tu que le suivre,
Ou as-tu dans ta besace quelque raison de vouloir nous rejoindre,
Nous, les Âmes Damnées de la Main Noire,
Dite Lie des Hommes, d'après eux-même, où nous sommes amenés à devenir Légendes, en vérité,
Pour peu que nous ne le soyons pas encore ? » dit-elle, marquant les temps, sa voix tranchante s'élevant jusqu'à raisonner, ou peu s'en fallait, entre les convives.

Un sourire tranquille, qui n'était sans doute pas le premier, mais pouvait prétendre à être le plus pur, étira ses lèvres quelques instants ; Leur venue était quelque chose d'heureux, peut-être le moyen de prendre pied et de s'élever loin d'elle, de Muse.
Et, c'était la première fois depuis longtemps qu'Asuta laissait ses pensées portées aussi loin,
Vers la liberté, peut-être,
Vers l'ivresse du combat, le besoin de les savoir avec elle et non contre elle,
Plus parce qu'ils étaient ce qu'ils étaient que l'inverse.
Ils ne l'inquiétaient pas à proprement parler, mais faisaient partie de ceux qui seraient mieux à ses côtés que sur ses lames.

Bastos se releva, et se dirigea vers la table à laquelle était assis Harald. Sous sa forme de métamorphe, il avait un physique proprement impressionnant et presque monstrueux. Mais bizarrement ça ne semblait déranger ni intriguer personne dans ces lieux. Il s'apprêtait à s'asseoir quand il vit une elfe sortir des ombres. Son physique lui disait quelque chose, comme un air de déjà-vu. cette démarche souple et féline, ce corps gracieux, cette attitude à la fois douce et dangeureuse... Bon sang mais c'est bien sur!

Il la reconnut enfin. Itsaku-no Asuta, l'elfe noire qu'il avait brièvement cotoyé lorsqu'il faisait encore partie de la Garde Noire. Toujours aussi belle, toujours aussi mortelle. Son regard de prédateur contrastait beaucoup avec son physique de proie, et le blaireau-garou se remémora combien le caractère de la frêle elfe était fort...

Citation :

« Sans doute vient-il chercher, et trouver, je l'espère, ce qui lui manquait tant ailleurs,
Quitte à en mourir... Et toi, ne fais-tu que le suivre,
Ou as-tu dans ta besace quelque raison de vouloir nous rejoindre,
Nous, les Âmes Damnées de la Main Noire,
Dite Lie des Hommes, d'après eux-même, où nous sommes amenés à devenir Légendes, en vérité,
Pour peu que nous ne le soyons pas encore ? » dit-elle, marquant les temps, sa voix tranchante s'élevant jusqu'à raisonner, ou peu s'en fallait, entre les convives.

"Lie des hommes tu dis? Ça tombe bien, puisque ça fait quelques années déjà que je n'ai plus rien d'un homme... Et si je me trouve en ces lieux en cette heure, c'est justement pour ne plus avoir à supporter cette humanité qui m'a rejeté..."

Asuta eut un signe de tête pour ses alliés, une brève marque de politesse, sans fioritures ; Aussitôt après, elle rejoignait tout ce petit monde au centre de la pièce, sans pour autant prendre place dans l'un des confortables fauteuils disposés ça et là, passant entre ses camarades, semblant les saluer du regard.
Elle choisit de s'accouder au dossier du siège de Bastos, la fourrure autant que son aspect général ne semblant pas la déranger outre mesure ; Ainsi installée, l'elfe noire se retrouvait plus ou moins dans le dos de ses deux compagnons, ses yeux continuant à les larder de questions aussi sûrement qu'elle les aurait lardés de coups s'ils s'étaient retrouvés face à elle au mauvais moment, au mauvais endroit.
Il ne lui fallut cependant qu'un instant pour se reprendre – enfin – et parvenir à un état de calme assez impressionnant à constater chez cette femme, plutôt adepte de l'hallali et ne sachant se contenir que quand il lui fallait être... professionnelle.

Alors que le viking se levait pour déclamer sa tirade, en réponse à son invitation, à sa provocation, même, l'elfe noire sembla se perdre quelques instants dans le lointain, devenir un peu moins assurée, encore un peu plus sombre, et ombre, qu'elle ne l'était à son arrivée.
Un souvenir jusque-là occulté, pour des raisons qu'elle ne parvenait pas à s'expliquer, venait en effet de resurgir, et expliquait au moins en partie la présence en ces lieux d'Harald... il avait été l'un des rares à la voir dans cet état, tout juste sortie de sa transe, même pas encore assez éloignée des ténèbres les plus profondes pour se souvenir parfaitement de cette rencontre qui aurait dû la marquer, pourtant.
A un cheveu près, guidée par Muse, Asuta était prête à le scalper purement et simplement, au sortir de cette impasse des Bas-Quartiers qui fut le théâtre de sa dernière oeuvre en ce monde.

Depuis qu'elle était partie, guidée vers les promesses et les cajoleries de Kina vers ses Hordes, Asuta n'avait pas pensé à lui ; Une fois intégrée au sein de la Légion des Damnés – car damnée, elle l'était bien avant et le resterait toujours – son visage et ses attitudes ne lui étaient pas non plus venues à l'esprit, et pour cause.
Sans doute le connaissait-elle moins que les pleureuses et le tavernier, moins que l'imposant Auroch et moins que n'importe quel autre, de tous ceux qu'elle avait fréquentés.
Hasard ou malchance ?, les deux Maîtres d'Armes n'avaient fait que se croiser, jusqu'à ce soir-là, ces quelques secondes qui furent un pas, une marque, une limite franchie et le début de quelque chose de nouveau, un livre neuf encore vierge pour remplacer les anciennes Bibles et les Vieux Commandements.
Quelques instants qui suffirent à insuffler le doute et à la conduire à hésiter, elle qui jusque-là n'avait jamais retenu ses coups, et s'était longtemps haïe pour cela.
Harald, le lumineux combattant, se tenait là, en face d'elle, vierge de tout sang et sentant la mort, d'autant plus fort, son regard noir que l'on aurait pu croire de braise, en réalité seulement fait d'ombres, qui ne reflétait rien, hormis l'ombre et l'ombre, les ténèbres jouant entre elles.
La main sur sa lame et le bras perclu la chaîne encore lourde de sang, Asuta avait hésité ; Car si son regard n'était que noirceur, lui semblait prêt à sombrer dans l'obscurité, marchant sur un fil qui ne tarderait pas à se briser, se casser en mille éclats qui le blesseraient, jusqu'au moment où il comprendrait enfin quelle était son rôle, et où était sa place.
Ce moment serait leur secret ; L'elfe noir l'oublia aussitôt après être sortie de cet endroit qu'elle avait tant chéri, de ses bas-fonds où elle s'était si longtemps sentie chez elle et en sécurité, de ce lieu de vie et de mort trop éloigné d'elle pour que son inquiétude ne soit pas en partie simulée, maintenant que ses quartiers se situaient là-bas, dans la Citadelle...

« Tu fuis donc, Garou ? Que fuis-tu ?
Ne peux-tu pas combattre, avec ou sans nous ?
Qu'est-ce qui t'a fait franchir ses portes,
Placer ta vie entre nos mains, tenter l'impossible,
Oui, dis-moi, Bastos, pourquoi venir jusqu'ici, ce soir ? »

... Et aujourd'hui, il était là ; Il était venu et avait donc, rien que par ce pas en avant, au moins en partie tenu l'engagement tacite qu'ils avaient passé cette nuit-là, leurs yeux et leurs atrocités pour seuls juges et témoins, sauveurs et bourreaux, mages et guerriers.
Ses mots la touchèrent d'autant plus qu'ils résonnaient sincères et vrais. Avait-il compris, sans avoir jamais vu, que la Légion n'acceptait pas ceux qui lui mentaient, et que la vilenie ne s'appliquaient qu'aux autres, à la faiblesse et à sottise, aux hypocrites et aux profiteurs ?
La Main Noire et ses séants les avaient en horreur ; Tous ceux qui avaient cru pouvoir s'en sortir par de belles paroles ou des actes méprisables, croire mériter leur place auprès d'elle en faisant montre de provocation, de bêtise et de vilenie sans discernement, sans réflexion, sans aucun professionnalisme, avaient payé un lourd tribut sous forme de sacrifice sur l'autel de leur bêtise.

« Que de paroles, Harald, Berserk,

Que de mots prononcés en vain, peut-être !
Nous sommes les magistrats où la Main Noire est la loi ;
Pour te sortir de ce bourbier, tu dois deviser en toute sincérité.
Il me semble que c'est déjà fait,
Et ta motivation, si elle fait plaisir à voir,
Ne t'ouvrira pas nos portes seule.

Que penses-tu pouvoir nous apporter, que nous ne possédons,
Ou ne maîtrisons pas déjà ?
La force, ou le soutien ? L'amitié, peut-être ? » et sur ces dernières paroles, elle rit ;
D'un rire froid qui détendit pourtant ses traits, jusqu'en faire un tableau agréable, bien que glacial.

Ses paroles, si elles étaient moins mordantes, n'en restaient pas dites sur un ton cruel, presque joueur.
Il – Ils – devraient louvoyer, et jouer finement, pour sortir d'ici vivant, ou ne pas sortir.
Celui qui entre en ces lieux...

Y'a pas à dire, Harald n'est pas un viking ordinaire... Il venait de s'enflammer verbalement avec autant d'aisance que s'il faisait face à une horde d'orcs assoifés de sang. Que de talents cachés chez ce berserk... Bastos se répétait encore mentalement les parôles de son ami, pleines de sincérité, quand l'elfe noire s'adressa à lui.

Citation :

« Tu fuis donc, Garou ? Que fuis-tu ?
Ne peux-tu pas combattre, avec ou sans nous ?
Qu'est-ce qui t'a fait franchir ses portes,
Placer ta vie entre nos mains, tenter l'impossible,
Oui, dis-moi, Bastos, pourquoi venir jusqu'ici, ce soir ? »

"Moi fuir? Je ne fuis pas, car je ne crains rien ni personne!" dit le blaireau-garou en se frappant le torse de son poing fermé. "Et puis comme disait l'huile de minuit, comment pouvons-nous danser quand notre terre est en train de tourner, comment pouvons-nous dormir quand nos lits sont en train de brûler? Mais je m'égare une fois de plus dans les circonvolutions séculaires de mon âme torturée..."

Il leva alors les yeux sur les personnes autour de lui. Visiblement, sa petite tirade n'avait pas eu l'effet escompté, si tant est qu'elle aut pour but d'en avoir un, d'effet escompté...

"Mais passons... Tu me demandes pourquoi je suis venu jusqu'ici pour tenter de vous rejoindre sous l'obédience de la Main Noire... Et bien je vais te répondre franchement et sans détours, en un mot comme en cent, sans tourner autour du pot et sans artifices... enfin bref, si je suis venu ici, c'est pour la simple et bonne raison que je ne puis plus contenir la Rage qui est en moi. Et si je ne me contrôle plus, comment pourrais-je aspirer à de plus hautes ambitions? Tu sais ce qu'on dit, sans maîtrise, la puissance n'est rien... Ma Rage me donne une puissance que je ne maîtrise pas... Et j'espère que les enseignements de la Main Noire pourront m'aider à maîtriser cette puissance, voire à l'accroître."

Bastos jeta à nouveau un regard à ses interlocuteurs, tentant de jauger leurs réactions. Mais il n'était pas très fineaud le blaireau, et son empathie n'était pas très développée, il n'arriva donc pas à déterminer ce que pensaient les quelques personnes qui avaient entendu son discours.

"Sachez juste ceci. Si jamais la Main Noire accepte de me prendre sous son aile, ou plutôt sous sa phalange, je me soumettrais intégralement, corps et biens, à elle. Mon âme sera sienne. Mon sang sera sien. Mon être sera sien."